La tyrannie de l’amour


Le titre est fort, j’entends déjà les premières réactions, comment peut-on écrire une chose pareille, l’amour ne peut être tyrannique, l’Amour est le plus beau sentiment qui existe, etc. etc. Oui en effet, l’Amour avec un grand A, l’amour inconditionnel est le plus beau des sentiments il n’exige rien, et n’est tourné que vers le bonheur de l’autre, mais qui aime ainsi ?

Ce que nous appelons l’amour habituellement dans nos relations, provient le plus souvent, d’un manque d’amour, d’un besoin d’amour plus ou moins important, la passion amoureuse en est une expression. Je ne parle pas ici du sentiment amoureux qui est une affection profonde,  une attirance plus ou moins puissante envers une autre personne, qui varie dans le temps, je parle de la passion  obsessionnelle, celle qui focalise toute notre attention sur une personne ou une chose, qui devient pour nous notre raison de vivre, cette passion /dépendance qui souvent se transforme en haine de l’autre quand ce dernier se met à regarder ailleurs, ou en indifférence quand elle ne remplie plus son rôle.

Cette passion qui part d’un grand vide intérieur une soif puissante de ressentir enfin ce sentiment merveilleux qui nous fait nous sentir vivant. Lorsque ce sentiment se présente à nous a travers une forme quelconque, (homme, enfant, animal, métier)  nous nous jetons corps et âme sur elle et exigeons  qu’elle continue de combler notre vide intérieur, qu’elle étanche cette soif intense,.

La voilà la tyrannie de l’amour, et son crie du cœur, « aime-moi !  il faut que tu m’aimes, que tu m’écoutes, que tu fasses attention à moi, que tu me protèges, que tu me rendes fier ». Elle part toujours d’un besoin que l’autre doit combler et prend des formes très subtiles, comme ceux qui utilisent les liens d’amitié pour parler d’eux des heures. Auto centré sur eux,  exigeant votre écoute attentive et sans faille, ne se demandant même pas si cela vous intéresse vraiment, se  vexent quand, faute d’énergie, vous demandez grâce ou inventez une raison pour vous échapper. Il faut dire que l’amour est notre premier besoin et que nous en sommes tous carencés, certains plus que d’autres.

J’observe que même ceux qui disent en avoir reçu beaucoup dans leur enfance, présente souvent des manques, des comportements additifs, compulsifs,  certainement car au fond d’eux-mêmes, ils ressentent que ce qu’ils ont reçu n’était pas gratuit, mais correspondait plutôt à l’expression d’un amour  camouflant une peur profonde, comme ces mères qui, insatisfaite de leur vie et en grand manque d’affection,  focalisent toute leur attention sur leurs enfants, quitte à les étouffer.

La peur de se retrouver seule et sans affection, leurs fait construire un personnage, qui va utiliser tous les expressions de l’amour sans que cela en soi véritablement, elles ressemble à cette vielle pub sur le Canada dry,  ça a le gout de l’amour, la couleur de l’amour, la forme de l’amour mais ce n’en est pas, juste un moyen de survivre, de recevoir un peu d’affection dans un monde qui en est dépourvue.

J’exagère le trait bien sûr car les choses ne sont pas aussi simples, nous avons souvent, dans nos intentions, nos actions, un mélange des deux, parfois c’est un véritable amour qui nous anime, parfois c’est le besoin,  nous sommes les seuls à savoir exactement ou commence  l’un et finit l’autre. Ceux qui reçoivent dans leur enfance un amour pur sont remplies et capables eux-mêmes d’aimer vraiment, les autres font ce qu’ils peuvent, utilisant de multiples stratégies pour combler leurs vides.

S’activer, courir à droite et à gauche en est une, ça nous donne l’impression d’être vivant, dans le «  mouv »,  d’être utile ou important, quand on rentre chez soi on allume la télé, ou on écoute la radio, faire du bruit, surtout éviter le silence, là où l’on se retrouve seul face à soi-même, face à la réalité de ce sentiment si désagréable.

Notre société entière vit dans le bruit et l’agitation, c’est dire si le mal-être est grand. Le manque d’amour est le seul responsable de tous les méfaits de notre civilisation, absolument tous. Sans doute est-il temps de faire le bilan, de poser les armes, d’arrêter de courir à la recherche d’un bonheur éphémère, sans doute est-il temps d’affronter notre peur, notre vide intérieur et d’aller voir ce qui se cache derrière?

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La douleur du monde, notre douleur, est aussi le reflet en négatif de notre amour pour lui, pour nous. Derrière ce vide se cache un plein, que seul le silence révèle, car tout comme le bruit nait du silence, tout comme les objets naissent de l’espace, l’amour naît de la conscience, ce vaste océan où tout est connecté, et le silence, l’espace ou la conscience ne font qu’un.

L’amour n’est que la prise de conscience que tout est UN, et pour sentir ce UN, il faut faire taire la division en nous, tout ce qui nous sépare de cette unité, alors l’amour sera et sera seulement.

Le reste du temps nous vivrons dans un amour partiel, focalisé sur la division entre une espèce et une autre, une race et une autre, un groupe et un autre, une personne et une autre. Le monde n’est que l’expression de qui nous sommes. Le monde est divisé car nous sommes divisés intérieurement, la solution apparaît d’elle-même.

La bonne nouvelle c’est qu’un jour nous retrouverons cette unité, seuls ou ensemble, peu importe nous la retrouverons, car en vérité nous ne l’avons jamais perdu. Elle a toujours été là et sera toujours là.  Cette unité est notre véritable essence, nous ne pouvons pas la perdre simplement l’ignorer pour expérimenter la division et Le Monde que nous connaissons

Certains sont fatigués de cette expérimentation et commencent à se poser des questions, des personnes comme vous qui lisez ce texte, d’autres veulent encore y gouter. Chacun est libre et il n’y a pas de meilleurs choix, il faut juste accepter les conséquences de son choix. La division, le manque d’amour permet de vivre des expériences que l’amour, l’unité ne permettent pas, et vice-versa. Soyons juste conscient de cela ce ‘est déjà pas si mal.

Supplément au livre : le jeu inconscient des relations amoureuses.

Christophe Itier

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